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| Chronique de Calestion | |
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Morgahn Azuro
Messages : 20 Date d'inscription : 03/05/2008 Age : 35 Localisation : Le Ch'nord
| Sujet: Chronique de Calestion Lun 14 Juil - 2:05 | |
| La chaleur des douzaines de torches, brandies par les mains fébrilent des villageois, ne semblait rien pouvoir faire pour repousser le froid glacial qui s'était emparé d'eux, ce froid qu'ils sentaient s'insinuer dans leurs corps, courir le long de leurs échines, et faisait pourtant perler des gouttes de sueur sur leurs tempes : c'était l'étreinte glaciale de la peur qui les enserraient peu à peu, et leur nombre, qui avait suffit à les remplir de courage lorsqu'ils s'étaient rassemblés sur la place du village, ne suffisait plus à les rassurer maintenant que leur groupe approchait de la forêt.
Alfast marchait au milieu du groupe. Et pour essayer d'oublier les ombres grandissantes, il se remémorait les évènements, afin d'essayer de se souvenir pourquoi il marchait là, avec les autres, et quelle raison les poussait à affronter une pareille terreur.
Il repensa à la famine qui avait frappé le village. Il devait bien avouer qu'elle n'était pas dûe à de mauvaises récoltes, mais plutôt que les hommes s'étaient peu à peu laisser entrainer à la boisson et au jeu, et avaient trop longtemps négligé le travail de leur terre, depuis que ce riche marchand de Rin, un étranger nommé Lusio, avait ouvert cette taverne au coeur de leur petit village. Cette taverne était devenu un lieu de perdition, l'alcool y coulait à flot et les paris sur les combats de coqs, de chiens, ou les jeux de cartes allaient bon train. En quelque mois, les honnêtes fermiers de Calestion étaient devenus des ivrognes, des minables, des joueurs invétérés, certains allant jusqu'à hypotéquer leurs fermes pour jouer.
Celà avait donc eut des conséquences fâcheuses : la récolte avait été bâclée, et bientôt les vivres commencèrent à manquer au village. Les villageois comprirent trop tard la gravité de leur perversion.
Mais cela ne les avait pas empeché de faire pire encore. Ils commencèrent à détrousser les caravanes marchandes qui passaient sur la route, à la lisière de la forêt. Au début, il se contentèrent de prendre lanourriture et de laisser partir les voyageurs. Mais petit à petit, le sang se mit à couler. Jusqu'au jour où ce ne fut pas un marchand mais un carosse escorté qui passa sur la route. Ce carosse transportait une belle et noble dame vers Ascalon, une diplomate d'une contrée de l'est, venue négocier avec les ascaloniens des accords commerciaux.
Les villageois offrirent l'hospitalté à la dame et à ses gardes, puis au milieu de la nuit, ils égorgèrent gardes et domestiques. Quant à la dame et ses suivantes, ils s'étaient "amusés", avant de leur administrer le même sort.
Alfast avait condamné ces meurtres, il n'avait pas participé. Mais il se rappelait, non sans un coupable plaisir, cette nuit où les villageois avaient fait subir les pires humiliations à ses femmes terrorisées, hurlant de détresse et de douleur. Il se rappelait les villageois, gras, puant, suant, qui s'acharnaient à plusieurs sur ces corps autrefois gracieux et maintenant meurtris et souillés. Il n'avait pas osé faire comme les autres, mais il avait regardé, il n'en avait pas perdu une miette, il avait touché... Ces souvenirs odieux lui affichèrent un sourire sur les lèvres pendant quelques minutes... Puis la suite des évènements lui revint en mémoire.
Quelques jours après, des soldats d'Ascalon vinrent aux nouvelles du convois diplomatique qui n'était jamais arrivé. Il furent tous tués par les villageois.
Alfast se rappelle : les gardes à cheval, abattus, tirés au sol, surpris et égorgés par une bande de fermiers pouilleux. Alfast avait vu, ce jour là. Il l'avait vu lui. Il avait vu une silhouette encapuchonnée, drapée dans un manteau noir, s'appuyant sur un étrange baton, et qui regardait la scène depuis les profondeurs du bois. Le temps qu'il se tourne vers les autres pour les prévenir, le type avait disparu.
Puis les jours ont passé, aucun voyageur n'a reparu. Le bétail a commencé à s'agiter à la tombée de la nuit. les chiens se sont mis à hurler tous les soirs. Le silence s'était abattu sur Calestion. Les hommes étaient devenu nerveux. Un matin on avait retrouvé le gros Lusio pendu au lustre de sa taverne, et bien que ça y ressemblât, les fermiers sentirent que ce n'était pas un simple suicide.
Puis se furent tous les moutons du village qui tombèrent malades les uns après les autres. Tous les matins, on en retrouvait six ou sept crevés dans les prés, rongés par les insectes nécrophages.
La silhouette encapuchonée fut aperçue de plus en plus souvent, au crépuscule sous les frondaisons de la forêt silencieuse , entre les troncs mort et blafards,ou bien au clair de lune dans les rues désertes, vision fugace d'une forme sombre et inquiétante derrière la fenêtre lorsque dans les maisons, on s'apprete à s'endormir.
On ne tarda pas à faire le rapprochement entre cet homme et les évènements inquiétants et morbides qui frappaient le village, le transformant en hammeau triste et gris où règnait un silence de mort.
Le bétail creva à son tour. les insectes envahirent les étables, et on dût bruler plusieurs silos à grains contaminés par la vermine. Les hommes aussi mourraient, les enfants pleuraient dans leur lits la nuit, on se réveillait en sursaut, persuadé d'avoir entendu des bruits glauques dans la rue, des grattement à la porte dans la nuit, certain d'avoir senti un souffle léger et putride près de son visage dans le noir, ou d'avoir apperçut une lueur , comme des yeux les fixant. la fosse commune se remplissait chaque jours : suicides, meurtres étranges, accidents, parfois on retrouvait un cadavre dans la rue , une expression d'horreur indicible sur le visage. | |
| | | Morgahn Azuro
Messages : 20 Date d'inscription : 03/05/2008 Age : 35 Localisation : Le Ch'nord
| Sujet: suite Lun 14 Juil - 3:24 | |
| Le groupe de villageois s'engagea enfin sous les frondaisons. Le ciel était encore assez clair , mais l'obscurité des sous bois ne tarda pas à rendre la lumière des torches essentielle à leur progression. L'air se faisait pesant, étouffant. Le groupe ralentit, les hommes regardaient nerveusement de tout cotés. Le moindre craquement en faisait sursauter plus d'un.
Alfast repense à ce qu'il s'est passé une ou deux heures plus tôt. Les villageois s'étaient réunis, suite à la découverte des cadavres du vieux Prosper Jagil et de sa famille : sa femme, ses deux fils et son neuveux. Ils avaient été retrouvé exsangues, et eux aussi rongés par les insectes.
Ce spectacle écoeurant avait décidé les villageois à agir. Après plusieurs heures de cris, de disputes et de débats, ils avaient décidé de traquer l'homme dans la forêt. Les plus anciens connaissaient l'existence d'un vieux mausolée au coeur des bois, et avaient acquis la conviction que c'était le seul endrot où l'homme pouvait se cacher, sans souffrir du froid et sans craindre les bêtes.
Alfast renifla bruyamment. Deux jours plus tôt, son jeune fils de 17 ans avait voulu passer la nuit à l'étable pour veiller sur les bêtes. Alfast l'avait retrouvé le lendemain, mort, étendu dans la paille, avec le cadavre de son chien à ses cotés.
Alfast allait retrouver ce grand type et lui faire payer ces crimes. Coupable ou non, il voulait que quelqu'un paie. Il sursauta quand un corbeau passa à toute vitesse dans un bruit d'aile et de plumes, en poussant un horrible croassement, juste au dessus de sa tête.
La forêt était lugubre autour d'eux. Les branches tordues des arbres morts se tendaient et se distordaient au dessus d'eux comme tant de mains spectrales et blafardes, leur cachant le ciel qui s'assombrissait. Leur torches projetaient sur les troncs pourris des ombres effrayantes, et ils avaient l'impression qu'une armée de fantômes sombres les accompagnait en les narguant, guettant le moment où ils leur sauterait dessus pour les entrainer au royaume de Grenth.
Les trous dans les branchages ne filtrèrent plus aucune lumière solaire. La nuit était tombée. Un hurlement strident se fit entendre, leur glaçant le sang : celui d'une bourrasque de vent violent criant entre les branches, éteignant leur torches, emportant chapeaux et foulards... Ils craignirent de se retrouver sans lumière. Mais alors que les torches s'éteignaient, ils virent que la lune, d'une pâleur mortelle, projetait une lumière fantomatique, juste suffisante pour souligner les formes torturées des arbres et l'ombre du sentier.
Ce fut alors comme une prise de conscience commune, un frisson que tous partagèrent ensembles : ils sentaient tous qu'ils étaient observés. Du sol monta une brume blanche et humide, épaisse, assez en tout cas pour qu'ils ne vîssent plus leur pieds, ni leur molets, et bientôt elle monta à hauteur de taille. Ils jetaient des regards terrifiés dans les ténèbres environantes. un cri retentit à l'avant du groupe. Ils se tournèrent tous vers Ludo, l'un de leurs meneurs, qui se tenait la gorge en étouffant. Ils étaient pétrifiés, incapables de l'aider. Ils virent ces yeux grand ouverts, fous de terreur, fixer un point devant eux, tandis qu'une étrange vapeur rougeâtre sortit de sa bouche et flotta dans l'air, se dirigeant dans la mem direction. Ils virent alors ce que Ludo regardait. Devant eux, une butte de terre se dressait, entre les arbres, et dessus était perchée la silhouette menaçante et masquée de leur proie. Le petit nuage rouge flotta jusque au capuchon et y disparu. Ils virent alors deux petits points étinceler d'une lueur jaune, comme des yeux de chats, là où devaient se situer les yeux de l'homme.
Il y eut une nouvelle bourrasque glaciale, venant de derrière eux, et qui arracha le capuchant et le manteau de l'homme, qui s'envola gracieusement derrière lui comme un oiseau de mort. L'homme se dressait à présent visage découvert, vétu d'une armure sombre et hérissée, teinte de noir et de rouge sang. Son visage était blafard, maigre, un léger bouc, élégament taillé ornait son menton. Des cheveux sombres tirés en arrière dégageaient son fronc et ses yeux, qui luisaint d'une lueur malsaine, maléfique, et qui contemplaient les villageois avec dédain, mais aussi, Alfast était près à le jurer, avec un appétit féroce, un regard de prédateur. L'homme tendis lentement son bras, et ses lèvres bougèrent. Il s'en échappa un murmure quasi-inaudible, sifflant, dans une langue inconnue. Aussitôt, Ludo fut pris de convulsion, et de sa bouche grande ouverte sortit en bourdonnant un essaim d'insectes, qui recouvrirentson visage. Il suffoqua encore, et poussa un court mais déchirant hurlement avant de s'effondrer et de disparaitre sous la brume. Puis, de l'endoit où il disparut, s'éleva un bourdonement strident, et un énorme essaim d'insectes s'éleva et fondit sur les premiers villageois. Ils s'effondrèrent rapidement. Les autres commencèrent à fuir en hurlant, mais la brume recouvrait tout, et seuls les arbres en dépassaient, si bien qu'ils ne savaient plus ou trouver le sentier.
De la brume s'élevèrent alors des formes horribles, humanoïdes... Les cadavres de leurs compagnons défunts. Ils se dressaient à nouveau, et brandirent leurs armes : faucilles, faux, fourches.... et les tournèrent contre les vivants, qui pétrifiés par l'horreur, étaient incapables de se défendre.
Des gémissements s'élevèrent dans les airs, des cris d'agonie, ceux des morts qui hantaient les vivants, et ceux des vivants qui tombaient, occis par les morts animés. Alfast entendit netement un cri de femme, et reconnu la voix de la dame que les villageois avaient violée et torturée à tour de role, et les souvenirs de la scène ne lui apportèrent alors plus aucun plaisir. Il voyaient l'horreur de la situation, il se rendit compte qu'il percevait ces souvenirs par la consicence morte de la victime. Il se détourna, et voulut s'enfuir. De l'ombre et de la brume, une silhouette avança vers lui.
-"Papa", dit-elle, et sa voix semblait provenir aussi bien de la chose que de l'esprit d'Alfast, "vient m'embrasser Papa!"
Avant de mourrir, Alfast vit son fils, au corps putréfié et mutilés, un sourir diabolique sur les lèvres décharnées et sèches, lever sa hache au dessus de sa tête.
.........
Tidus regarda s'approcher la silhouette encapuchonné dans la faible lumière de son bureau, dans la tour nord de la ville d'Ascalon.
- "je vous attendais, Melkior. Quand est-il de votre mission à Calestion?" -"accomplie, Sire Tidus." répondis l'homme en s'inclinant légèrement, d'une voix basse et lancinante, entre le murmure, le soupire, et le sifflement d'aun reptile.
Tidus hocha simplement la tête, et attendit, droit et digne, que Melkior soit sorti. Puis il lacha un profond soupir. le nécromancien le rendait nerveux, il se sentait , en sa présence, comme en entrevue avec Grenth lui même. Il n'enviait pas les habitants de Calestion qui avaient subit, pendant un mois, la punition royale pour leurs atrocités en la personne d ce nécromancien taciturne et étrange, masi en qui le prince semblait avoir confiance. Il avala d'un trait une coupe de vin et déglutit péniblement. Au fond, il avait presque pitié de ces fermiers mécréants, meurtriers, voleurs et violeurs. Il n'osait pas imaginer leur punition... | |
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