Le Croc de Jade

Les origines de cet assassin sont aussi obscures et peu connues que tout ce qui le concerne, de près ou de loin. On ne sait strictement rien de son passé, avant qu'il n'arrive au monastère de Shing Jea vers l'âge de 7 ans. Probablement orphelin, il fut pris en charge par l'un des clans les plus puissants de l'île, le Clan Koribe, une redoutable famille d'assassins voués jusqu'à la mort à l'empereur.

Ce jeune homme n'avait pas de nom, ainsi, on décida qu'il serait baptisé selon ses actes, comme le veux la tradition du clan pour les enfants orphelins, dont les parents ont disparu avant de leur avoir donné un nom. Comme tous ces enfants sans-nom, on l'appela Kojimori, qui signifie dans une ancienne langue de Cantha "Non reconnu".

Ce fut à l'age de 13 ans que Kojimori gagna son nom : Le Croc de Jade.
En effet, ce fut à cet age qu'il tua son premier homme. Un homme du clan, Nagi, jaloux de l'affection que portaient ses maîtres à ce jeune enfant, voulu attenter à sa vie. Alors que Kojimori méditait dans les jardins de la demeure familliale, Nagi se jeta sur lui avec un lourd marteau de guerre. Kojimori était déjà agile à cet âge, il évita de justesse le coup meurtrier que lui porta Nagi. Dans la lutte, une statue de jade représentant un tigre rugissant fut détruite. Un fragment fut projeté au visage de l'enfant et le blessa cruellement à l'oeil.

Kojimori, jeté à terre,blessé et borgne, sur le point d'être écrasé par l'énorme masse que Nagi levait au dessus de lui, s'empara d'une dent brisée de la statue, et d'un bond, la planta dans la gorge de son aggresseur.

Suite à cet évènement, les sages du clan eurent à prendre une décision difficile : d'un côté, tous savaient que l'enfant n'avait fait que se défendre, et tous étaient au courant de la haine que lui portait Nagi. Cependant, Nagi étant un membre important du clan, alors que Le Croc de Jade n'était qu'une "pièce rapportée", l'enfant ne pouvait pas rester dans ce clan sans risquer de subir la vengeance des proches de Nagi.

Ils décidèrent donc de le confier à Maitre Togo de Shing Jea.
Le Croc de Jade devint un assassin brillant, sérieux et dévoué à ses maîtres.
Il parle peu, et éprouve un profond respect pour sa profession. Sa dignité et son sérieux lui valent souvent les colibets d'assassins moins scrupuleux comme Panaku, qui le surnomme "le Borgne", mais jamais en face...



" Joziro faisait les cents pas sur le pont du navire, devant ses six gardes du corps guettant la route qui longeait le pied de la falaise et menant à l'embarcadère.
-Que fabriquent donc ces fichus fils de kappa? Si ces pirates n'arrivent pas rapidement, les patrouilles du monastère vont nous tomber dessus et s'en sera fini de nos affaires!

Et pour cause, les cales de son navires étaient pleines d'armes que le marchand destinait au Crâne Cramoisi contre une belle petite somme. Si il se faisait prendre, c'était la mort assurée par décapitation.

-Les voilà! cria un de ces gardes en pointant deux silhouettes qui avançaient sur la route.
-C'est pas trop tôt! rugit Joziro.

Deux gardes descendirent du navire à la rencontre des deux hommes drapés de rouge des pieds à la tete.

-Déposez vos armes et montrez moi vos visages! commanda l'un d'eux

-Etes-vous Joziro, le marchand que nous devons rencontrer? demanda l'un des hommes sans se soucier du butor qui lui faisait face.

Pour toute réponse, le marchand sortit de sa poche un médaillon frappé du sceau du Crane Cramoisi qu'il montra aux pirates.

-Rassurés, pirates? Vous voyez que c'est moi et non un de ces fichus gardes du monastère déguisé.

-En effet. Vous etes bien Joziro. dis le deuxieme homme. Sa voix semblait être un murmure , mais était parfaitement audible.

Les deux hommes rejetèrent soudain leurs manteaux au sol, dévoilant des combinaisons légères et sombres : des tenues d'assassins.

Le premier envoya valser le garde le plus proche d'un viokent coup de pied avant que celui-ci ait pu réagir, puis ficha un poignard d'un coup sec dans la nuque de l'autre.

Le deuxième, celui qui avait parlé en dernier, couru vers le navire. Tout en courant , il lança trois poignard qui atteignirent chacun un garde en pleine gorge.

Joziro, médusé et impuissant, contempla le dernier de ses gardes se jeter sur l'assassin. Le garde donna un coup d'épée qui ne trancha que de l'air , là où une fraction de seconde plus tôt se trouvait la chair de son ennemi. Il s'écroula dans un râle écoeurant, du sang coulant à gros bouillon de sa gorge tranchée par la lame de l'assassin.

Ce dernier resta un moment immobile, face au marchand, sa lame sanglante à la main. Ses yeux fixaient sa proie sans ciller. C'est seulement à se moment que Joziro remarqua qu'il était borgne, son visage barré par une cicatrice, un oeil de verre le fixant de son éclat blafard.

-Joziro Heyjan, murmura l'assassin. Vous etes coupable de trafic avec le Crane Cramoisi. Des dizaines d'innocents sont tués par les armes que vous vendez aux pirates, sans aucun remords.
Recevez aujourd'hui l'invitation que vous envoient Le maitre Togo du monastère, ainsi que l'empereur, à comparaitre devant Grenth qui jugera votre âme.
Ces paroles furent les dernières choses qu'entendît Joziro, avant de s'éteindre brusquement, sans un bruit."