Autolycus, Prince de Troie.

Citation :

Un bel ouvrage, à la couverture de cuir vieillie par les épreuves. Vous l'ouvrez. Ses feuilles sont faites de parchemins, dont seuls les premiers sont abîmés. Une écriture fine les couvre. Elle est belle, noble, appliquée.

Dans un recoin de la salle d'archives des Filles de Themiskyra, vous vous asseyez, au calme, pour étudier ce texte, écrit dans un dialecte étrange, puis traduit en Elonien.

Il s'agit de l'histoire du régent Autolycus, prince de Troie. Elle est écrite de sa main et est non-datée.

Grèce, mon pays. Troie, ma belle cité. Me pardonnerez-vous de vous avoir abandonnés? Reverrai-je les gras herbages de ma contrée? Mes amis... M'auront-il oublié? Pourtant, je n'ai pas eu le choix...

Que dis-je? Si, j'ai eu le choix. Eu le choix d'accepter la mission des Dieux. Eu le choix de m'attacher à Krystehal. Eu le choix de pousser Keryan avec moi. A moins que je ne sois encore, comme mes ancêtres, fils de Priam, qu'un pion. Mais je ne crois pas. Ce qui est arrivé avec Abaddon était absolument imprévu. Les Dieux eux-mêmes sont menacés dans leur palais.

Je me souviens de l'Attique, de la beauté Athénienne, et du mystère de ses sanctuaires. Je me souviens de mon enfance, où les courtisans de mon père, le roi Nesbos, à mon passage, se découvraient et me donnaient du "Noble Prince", même si j'étais le dernier de ma lignée. Ces jeux qui ont fait ma jeunesse, cette compétition perpetuelle qui avait rythmé mon adolescence. La joie de mes frères de voir mon corps s'épanouir aussi bien que mon esprit. J'étais brillant, mais je restais inaccessible, jeune homme solitaire à l'étrange expression. Toujours grave, sérieuse.

Puis, la guerre contre les Macédoniens et l'Empire d'Alexandre. Cinq années terribles, sanglantes. L'âge pour moi de devenir un homme. J'avais quinze ans. A 20 ans, mon frère, Gnokhon prit la succession de père, Dimetrios le rejoignait dans le royaume d'Hadès, Lacios devenait un des responsables de notre armée. Dimetrios devait être prêtre. J'étais le cadet. Mon destin, j'avais le droit de le choisir. J'étais un prince privilégié.

Je me suis rendu à Athènes, dans l'optique de devenir orateur et suivre des études de lettres. J'étais bon, là aussi. Mais je n'étais plus capable de rester cloîtré dans un amphithéâtre. J'aspirais à la liberté. Souvent, je partais à cheval, pour explorer les villes alentours.

Un curieux accident me permit de rencontrer Krystehal Kael Thas et Hécate.

Une rencontre plutôt incongrue... L'armée de César Magnus, dans le Pélopponèse... Je fus pris par surprise par une section d'éclairage.

Une flèche entre les épaules. Mon cheval fuit. Assez loin pour que la section ne me retrouve pas. Je tombai, inconscient, dans une forêt. Je ne donnais pas cher de ma peau...

Je revins à moi couché sur une peau de bête. De jeunes femmes effarouchées. Autour de moi. J'eus un sourire aimable. Reconnaissant...

|TO BE CONTINUED]

Pendant ma convalescence éclata la seconde guerre de Themiskyra. De bon coeur, je me battis aux côtés de mes nouvelles alliées. Et même avec ma blessure encore à peine cicatrisée, j'avais été digne d'Hector.

Krystehal et Hécate, bien plus que me tolérer, m'appréciaient et me traitaient comme un Prince. Je m'étais illustré. Mais cela n'avait guère d'importance pour moi. D'abord hôte, protégé par Epona, mère d'Hécate, j'étais devenu un frère. Cela ne m'aurait pas déplu. Mais je devais partir vers Delphes pour achever ma formation...


Delphes...

Je participais aux Jeux Pythiques, retrouvant mes frères de Troie et Keryan. Remportant haut la main la performance musicale, armé d'une lyre, et chantant les louanges de Troyens disparut, dans ma catégorie.

Le roi et son épouse, charmés, m'affilièrent à l'éducation de leurs enfants. Pendant quelques temps, je restais à leur service.

J'accompagnai leur fils aîné, Venickos, le plus prometteurs des quatre garçons, de par sa réflexion, chez l'Oracle d'Apollon. Je sacrifiai une belle brebis et le laissai en tête à tête avec les prêtres.

Je me trouvai dans une pièce enfumée, etouffante. Artémis m'apparut, parée de ses beaux attributs dans les brumes.

"Beau lancier, je te salue.
- Déesse, quelle douce vision me subjugue. Puis-je vous être d'un quelconque ressort?
- Bel Autolycus, je te sais plus philosophe que guerrier. Mais je te sais aussi proche de me protégée. Eros ne t'aurait-il point touché de ses flèches?
- O, ma reine, je ne puis confirmer vos suppositions, car, j'ai vu l'aura qui émanait de Krystehal Kael Thas.

Elle parut un peu surprise de mes propos.

- Qu'importe ,j'ai une quête à te confier. Une quête de la plus haute importance. De celles qui font la renommée d'un héros.

J'eus un rire clair.

- Non, déesse, si vous me connaissez, vous savez bien que ce n'est pas la renommée que je cherche. Plutôt à mener la vie qui me plaît, armée de ma lyre, de ma voix et de mon javelot.

- Tu pourras faire tout ceci, fils, je te le promets.

- Mais je n'ai pas le droit de refuser une mission confiée par Artémis la Chaste.

Je l'écoutai attentivement;

- Autolycus. Tu n'es pas sans savoir que nous ne sommes pas l'unique panthéon existant. Bien au nord, il existe des Dieux barbus et trappus, dits Nordiques.

Je hochai la tête.

- Bien sûr, comment l'ignorer?

- Eh bien il existe aussi, dans d'autres dimensions, d'autres panthéons. Nous sommes capables de communiquer ensemble.

Cela me paraissait déjà plus trouble...

- Il se trouve qu'en Elona sévit un Dieu maléfique, qui aspire à mettre main basse sur la population de ce monde. Et son ambition dévorante le pousse à vouloir conquérir d'autres dimensions. Bien sûr, outre les gens, les animaux, il annihilerait également les Dieux. Notre panthéon et l'équilibre de notre monde est menacé. Nous avons besoin de héros.

Je refermai mon livre.

- Mais ce n'est pas de moi dont vous avez besoin...

- J'ai déjà envoyé Krystehal et Hécate, bien sûr. Mais j'ai besoin de toi quand même. Vous êtes chargés, ton frère et toi, de protéger ces deux femmes, de les guider et les épauler dans leur tâcher bien hardue. C'est votre devoir envers nous, mais sachez que vous serez grassement récompensés...

Déjà, mon coeur avait fait un bond quand il avait entendu le nom de Krystehal. Mais mon corps avait frissonné quand il avait été associé aux dangers...

De suite, je préparais mon balluchon et mon armure de parangon (oooouh ça rime).

- Où dois-je me rendre?

- En Olympie. Dans dix lunes.

- Je pars maintenant.

Dix lunes plus tard, j'étais au pied du palais des Dieux, avec mon frère, qui, par je ne sais quel moyen, était parvenu à me rejoindre. Les deux jeunes femmes étaient là.

J'étais jaloux du regard que portait Hécate sur Krystéhal. Mais qui étais-je pour revendiquer quoi que ce soit? Je n'avais pas les moeurs amazones.

Je me contins. Et serais patient.

Nous pénétrâmes dans une faille pratiquée à même le flanc de la montagne.

Je découvris alors Elona, avec Krystehal et sans Hécate...

Un délice...

[To Be continued]